Un Constat Amer
En 1940, les docteurs Kenneth et Mamie Clark psychosociologues noirs américains, avaient mené de nombreux travaux sur l’impact de la ségrégation sur les enfants afro-américains. Ils ont notamment mis au point le test de la poupée, qui consistait à présenter quatre poupées identiques à tout point de vue à l’exception de la couleur à des enfants noirs âgés de 3 à 7 ans dans l’objectif de tester les perceptions raciales des enfants.
Une majorité des enfants préféraient la poupée blanche et lui attribuaient des caracteristiques positives. Ceci témoignerait d’un sentiment d’infériorité avec un impact sur l’estime de soi. Nous sommes en pleine période de ségrégation raciale et de lutte pour les droits civiques aux Etats –unis d’Amérique.
En Afrique du Sud, en 1950, c’est le test du crayon utilisé par le régime de l’apartheid qui permettait de classer les individus en catégories raciales. En effet, un crayon était placé sur la chevelure de la personne testée : si le crayon tombait de lui-même, la personne était classée « blanche », autrement comme une personne « de couleur » ou « noire » si le crayon était retenu dans la chevelure. Le cheveu crépu, caractéristique capillaire, d’après les ségrégationnistes, des personnes noires ou de couleur était un déterminant de la « race ».
En 2008, à Djeddah Thiaroye Kao, banlieue dakaroise, à la question « quand tu seras grand souhaiterais tu épouser une femme claire ou noire de peau ? », l’enfant de 12 ans qui participait à une activité de sensibilisation de l’association AIIDA* répondit : « une femme claire mais sans Xeesal ».
En janvier 2022 dans un film de Aurélia Perreau et Alain Mabanckou « Noirs en France », diffusé le 18 janvier sur France 2tv, une reproduction du test de la poupée était effectuée : mêmes conclusions. En sus, une phrase choc d’une des fillettes interrogées:« Quand je serais grande je mettrais de la crème pour devenir blanche ».
C’est le constat amer de voir qu’après plus de ¾ de siècle que la perception de la couleur de la peau n’a pas beaucoup évolué. La peau claire ou blanchie volontairement a encore de beaux jours devant elle.
Une Course Effrénée Vers La Peau Claire Ou Blanche Pour Le Plus Grand Bonheur Des Industries Cosmétiques
La dépigmentation cosmétique volontaire (même si elle n’est pas toujours volontaire), autrefois nommée dépigmentation artificielle, plus connue au Sénégal sous le terme de « xeesal » est certes une pratique universelle, mais très fréquente en Afrique sub saharienne et au Sénégal en particulier où une prévalence allant jusqu’à 71% est rapportée à Pikine.
Son impact sur la santé publique n’est plus à démontrer en raison de la morbidité et de la mortalité mais également du coût économique élevé de cette pratique qui est une activité très lucrative qui a de beaux jours devant elle.
En effet, en 2020 le marché des cosmétiques dépigmentant était estimé à 8 milliards de dollars et les projections pour 2026 sont à 11.8 milliards de dollars. Au Sénégal, 19% du revenu des ménages est alloué à l’achat des produits cosmétiques dépigmentant.
Et qui s’en frottent les mains ? bien sûr l’industrie cosmétique.
La Mort De Georges Floyd, Un Tournant Dans La Prise De Conscience
A la suite des manifestations organisées par le mouvement « Black lives matter » après la mort de Georges Floyd au mois de mai 2020, les géants de l’industrie cosmétique (Unilever, Shisheido, Procter & Gamble L’Oréal, Johnson Johnson) avaient pris des mesures cosmétiques en supprimant les termes tel que blanchissant, éclaircissant, clair de l’emballage de leurs produits. L’interdiction de la vente de substances éclaircissantes concernaient les produits à destination de l’Asie et le Moyen-Orient. Quid de l’Afrique?
Si les termes « éclaircissant », « blanchissant », « clair » ont été supprimés, la composition et les substances utilisées restent identiques et les industries cosmétiques dont la plupart sont basées en Europe, en Asie et en Amérique mettent sur le marché chaque année des centaines de produits contenant soit de l’hydroquinone, soit du mercure ou encore des corticoïdes ou d’autres substances de composition inconnue.
Au Sénégal, l’onde de choc provoque par la mort de Georges Floyd n’a pas été ressenti. Ce qui témoigne de la différence de perception de la problématique. Des produits de qualité douteuse continuent à être fabriqués de manière artisanale par des entreprises peu au fait des risques professionnels.
Certains de ces produits contiennent du mercure à des concentrations très élevées dépassant les normes autorisées. Outre le mercure très toxique pour la santé humaine , animale et pour l’environnement, des substances telles que l’hydroquinone, l’arbutine, l’acide kojique et les corticoïdes sont retrouvées dans les produits cosmétiques dépigmentant.
Quel Bilan Pour Aiida Vingt Ans Après Sa Création?
Cette année AIIDA fête ses 20 ans, c’était un 19 janvier 2002 à l’école nationale de développement sanitaire et social, avenue Cheikh Anta Diop de Dakar, il y avait du monde. Un comité d’initiative de 4 jeunes femmes, des spécialistes de la communication , des artistes, des étudiants, des professionnels de la santé, des juristes, Mr et Madame Tout le monde…Tout le monde y croyait…
C’est le lieu de faire un bilan et de se projetter vers l’avenir. Aujourd’hui sans conteste on peut dire que la problématique de DCV est au coeur du débat dans la sphère publique.
Certes une loi interdisant la publicité les publicités relatives au produit de dépigmentation dans les organes audio visuels est votée (loi N 2017-27 du 13 juillet 2017 portant code de la presse qui dispose en son article 112 que “sont interdites les messages publicitaires relatifs à la promotion des produits cosmétiques de dépigmentation”) est mise en application.
Certes les campagnes de sensibilisation ont été nombreuses avec des effets positifs tels que la connaissance des complications de la DCV par le grand public.
Certes la DCV fait partie des problèmes de santé recensés par le ministère de la santé et de l’action sociale (MSAS) et un rapport d’expertise ainsi qu’un mémorandum des associations féminines relatif à la DCV sont déposés au ministère de la santé et de l’action sociale du Sénégal.
Un partenariat avec les associations féminines est noué pour une sensibilisation notamment l’association nationale des femmes coopératrices.
La pratique a fait l’objet de nombreux travaux scientifiques à travers les sociétés savantes avec des publications dans des revues scientifiques internationales.
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et le mal est toujours là aussi profond : une forte prévalence, un important impact économique, une morbi-mortalité élevée. Les complications médicales de l’utilisation de ces produits cosmétiques sont nombreuses et variées.
Pratiquement toutes les spécialités médicales et chirurgicales sont intéressées sans compter l’impact psychologique considérable avec une altération de la qualité de vie et de l’estime de soi!
Bien sûr, la DCV c’est une manne financière pour les recettes douanières et un fort lobbying est exercé à plusieurs niveaux pour tenter de minimiser l’ampleur de ce phénomène.
Au Sénégal, la vente des produits de « Xeesal » une activité très lucrative et son impact économique est important : industrie cosmétique florissante, création de nombreux emplois, rentrées d’argent considérables pour les caisses des états africains, nouveaux corps de métiers (chimistes, cosmétologues, esthéticiennes, dermo conseillères, bloggeuses et influenceuses sur la toile).
Aujourd’hui, encore le « Xeesal » continue ses ravages sous le silence assourdissant des pouvoirs publics. Ainsi, malgré l’interdiction de la publicité relative à la promotion des produits dépigmentant dans les media audio-visuels au Sénégal par la loi («l’article 112 de la loi n° 2017-27 du 13 juillet 2017 portant code de la presse), la publicité se poursuit sur certaines chaînes de télévision.
Les panneaux publicitaires et les des réseaux sociaux ont pris le relais. Ces derniers (Facebook, Tik-Tok) comptent une multitude de groupes spécialisés dans la promotion et la vente des produits dépigmentant.
Aujourd’hui, AIIDA se réjouit des succès de ses nombreuses campagnes de sensibilisation qui ont tout de même réussi à placer ce phénomène au coeur du débat scientifique, social et sociétal. Toutefois le constat est amer :
Des enfants victimes de la folie blanchissante (folie cortisonique bien connue des médecins) des adultes sont à leur tour enduits de crèmes très précocement tandis que les nouveau-nés sont imprégnés de produits toxiques alors qu’ils étaient encore dans le ventre de leur mère.
Le mal être, la faible estime de soi, un bas niveau d’éducation, un phénomène de mode, les mutations profondes de la société avec un changement de paradigmes : tous ces déterminants boostés par l’appât du gain de prédateurs qui inondent le marché des cosmétiques de produits toxiques et qui n’en finissent pas d’appâter les plus crédules.
Le mimétisme, l’influence de l’entourage, la séduction des hommes finit par faire le reste. De fil en aiguille l’addiction s’installe.
L’addiction Aux Produits Dépigmentant, Une Réalité
Même si la principale motivation déclarée est celle esthétique, il ne faudrait pas méconnaître une part de l’addiction. Cette dernière étant définie comme une dépendance très forte à une substance nocive entrainant une conduite compulsive.
L’addiction se caractérise par l’impossibilité répétée de contrôler un comportement et la poursuite de ce comportement en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives. Des études ont montré qu’une addiction était réelle chez les femmes dépigmentées.
Toutes Ces Caracteristiques Sont Retrouvées Au Cours De La DCV
• La dépendance, certaines adeptes préfèrent acheter les produits dépigmentant au détriment des produits alimentaires,
• Le caractère nocif des substances : dermocorticoïdes, hydroquinone, mercure et glutathione,
• La conduite compulsive.
Le sevrage non accompagné est extrêmement périlleux. La preuve cette question qui revient sans cesse chez les femmes qui décident d’arrêter : « ne pourrais je pas avoir un produit qui me donne de l’éclat sans effet secondaires ?».
La responsabilité de Satan est régulièrement pointée du doigt pour expliquer la poursuite ou la reprise de la pratique. D’ailleurs cette addiction est retrouvée dans d’autres pratiques similaires comme le bronzage.
Bronzage Versus DCV
Le bronzage, un pendant de la DCV, il est également considéré comme une conduite addictive. Ainsi, de nombreux patients poursuivent le bronzage malgré le diagnostic d’un cancer cutané. L’une des principales motivations des adeptes du bronzage était d’ordre esthétique.
Pour autant, cette pratique est très règlementée dans les pays ou elle se pratique en Europe et Amérique du Nord avec une adoption de lois et règlementations au nom du devoir de protection des populations.
Ces deux pratiques peuvent donc être mis en parallèle, sur de nombreux points et l’OMS de reconnaître les produits dépigmentant comme facteurs de survenue de cancers cutanés au même titre que les cabines à bronzage.
En attendant en Afrique subsaharienne les réactions des Etats sont souvent mitigées ; à l’exception du Rwanda , de la RCI , du Burkina Faso, rares sont les pays qui ont mis en place une réglementation pour la vente des produits cosmétiques dépigmentant.
En Gambie, récemment en mars 2021, des députés ont rejeté le texte visant à abroger la loi interdisant l’importation produits dépigmentant.
Les Etats Africains Au Banc Des Accusés
Ils sont coupables de complicité de non assistance à personne en danger. Les mots peuvent sembler excessifs mais c’est exactement le ressenti de devoir assister impuissants au drame qui se joue dans nos hôpitaux.
De braves et vaillantes femmes qui faute de moyens simples de prévention sont hospitalisées pour des maladies qui sont induites par nos comportements inappropriés.
Or la constitution garantit le droit à la santé. Au Sénégal, des textes règlementaires (constitution, conventions internationales) constituent des gardes fous pour cette pratique, hélas ils ne sont pas appliqués.
Les Etats africains et les collectivités publiques (vous avez dit collectivités publiques ?) ont le devoir de veiller de la santé physique morale et mentale de la famille. Une action concertée à l’échelle sous régionale est requise car les défis sont nombreux.
Les défis sont encore nombreux et les tentations existent
Aujourd’hui il y a peu de mesures efficientes pour lutter contre la DCV, notamment :
• Aucune règlementation du secteur de cosmétiques
• Aucun contrôle sur la commercialisation des PD
• Aucun contrôle sur les substances utilisées dans les produits cosmétiques
• Aucune loi sur la cosmétovigilance
• Aucune protection en faveur de l’enfance victime de la pratique de la dépigmentation cosmétique.
D’autre part, de plus en plus des spécialistes de la peau tiennent le langage suivant : des produits dépigmentant moins nocifs ! Respecter le choix des patientes…Attention aux dérives, évitons de céder à la tentation de la facilité et à la recherche du gain. Se rappeler de notre engagement en tant que professionnel de la santé : primum non nocere !
Dés Lors Quelles Perspectives ?
Ce que nous attendons :
• Un engagement politique fort au plus haut sommet de l’Etat ainsi que celui des institutions (Assemblée nationale et Haut Conseil des Collectivités Territoriales).
• Un financement pour la formation et l’accompagnement de l’industrie cosmétique locale pour la fabrication de produits cosmétiques à base de la cosmetopee locale. Supprimer la taxe des produits cosmétiques de qualité importés.
• Une prise en compte dans la politique de lutte contre la maladie et les politiques de prévention avec un plan national de lutte contre la DCV au même titre que les autres pathologies liées aux comportements.
• Un soutien des associations de lutte contre les DCV par un financement régulier permettant d’éviter les conflits d’intérêt.
• Une organisation des assisses nationales voire sous régionales avec une implication de toutes les parties prenantes dans une approche transdisciplinaire (sciences humaines et sociales, les juristes, économistes, professionnels de la santé, collectivités territoriales, chefs religieux, les acteurs culturels et leaders d’opinion).
Quel Devrait Être La Partition Des Femmes En Ce 8 Mars 2022 ?
Comme chaque année depuis 1977, ce 08 mars sera célébrée la journée internationale de la femme et le thème choisi pour 2022 est le suivant : « L’égalité des sexes aujourd’hui pour un avenir durable ».
Comment s’approprier de cette journée pour s’inscrire dans le développement durable ? Faudrait il une redéfinition du terme l’égalité des sexes en l’adaptantau contexte socio-culturelles et aux croyances religieuses et n’ont pas s’aligner sur la définition qui se voudrait consensuelle.
Peut t-on parler de l’égalité des sexes en terme de cosmétologie, non il n’y a point d’égalité, des femmes payent un très lourd tribut à l’entretien de leur peau ongles et chevelure non seulement en terme de coût financier mais également en terme de prise en charge des conséquences si c’est produits ne sont pas de bonne qualité.
C’est en moyenne une heure de temps par jour soit 360 heures par année que les femmes consacrent à leur beauté. Ce temps n’est décompté nulle part dans le temps dévolu au travail. En septembre 2015, 193 Etats membres de l’ONU, ont fixé des objectifs à atteindre en 2030 et qui s’inscrivent dans le développement durable : 17 objectifs de développement durable (ODD).
Parmi les objectifs : Education de qualité, Egalité entre les sexes, Eau propre et assainissement, , Travail décent et croissance économique, Inégalités réduites, Villes et communautés durables, Consommation et production responsables , Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques ,Vie aquatique, Vie terrestre, Paix, Justice et institutions efficaces .
Cosmétologie et développement durable Pour atteindre ses objectifs de développement durable, les femmes doivent lutter contre les changements climatiques en adoptant un mode de vie sain, y compris une cosmétologie responsable : oui à la beauté au naturel et au produits d’innocuité prouvée sans toxicité sur la faune et la flore (mercure), qui n’altèrent point la santé humaine (corticoïdes).
Non aux produits cosmétiques toxiques sur l’environnement (mercure et hydroquinone). Nous lançons donc un appel à l’action climatique par les femmes pour tout le monde ! Oui aux cosmétiques de qualité à un coût abordable, car le bien être est aussi un objectif de développement durable.
Oui à la revendication identitaire : les noirs ne peuvent pas tout importer y compris les modèles esthétiques. Il est temps de se réconcilier avec sa peau noire, ses cheveux crépus, il est temps de restaurer l’estime de soi !
Gratitude Infinie À Tous Les Membres Et Sympathisants De AIIDA
Aujourd’hui AIIDA fête ses 20 ans, et a l’impératif de continuer le combat quelque soit forme. Ces vingt années ont montre les limites du bénévolat mais aussi les merveilles du volontariat.
C’est le lieu de d’avoir une pensée pieuse des membres arrachés à notre affection : Binta Ndoye, El Hadj Lamine Samb, Adama Toure.
Remercier tous les membres du comité d’initiative, Khadidiatou Ndoye, Awa Boye, Ndeye Nguenar Diop Niang ; tous les membres du bureau actuel et des bureaux antérieurs. Notre gratitude va aux membres d’honneur qui suivent et encouragent AIIDA depuis ces nombreuses années.
• M. le Pr Bassirou Ndiaye (Dermatologue)
• M Amadou Mahtar Mbow (Ancien Directeur Général de l’UNESCO)
• M El Béchir Sow (journaliste)
• Mme Annette Mbaye d’Erneville (écrivain/Dakar)
• Mme Sokhna Dieng Mbacké (Journaliste/Dakar)
• Mme Penda Mbow (Enseignante Historienne Ucad/Dakar)
• Mme Awa Séne Sarr (artiste/Dakar)
• Mme Marie Angélique Savané (Sociologue/Dakar)
• M Eric Caumes (Dermatologue-infectiologue /Paris)
• M Moustapha Dieng (Pneumologue/Dakar)
• M Antoine Mahé (Dermatologue /colmar France)
• Mme Amsatou Sow Sidibé (Enseignante-Juriste UCAD /Dakar)
Association internationale d’Information sur la dépigmentation artificielle.
References :
1. Leye Mame Ngone.Prevalence et facteurs epidemiologiques associés à la depigmentation cosmetique volontaire dans le departement de pikine (Sénégal). These medecine UCAD 2019.
2. Clark, Kenneth B. and Clark, Mamie P. (1947). « Racial identification and preference among negro children. » In E. L. Hartley (Ed.) Readings in Social Psychology. New York: Holt, Rinehart, and Winston.
3. C.S. Scalbert , ⁎, M. Grenier , C. Maire , O. Cottencin , A. Bonnevalle , H. Béhal , A. Duhamel ,R. Glantenet , L. Mortier Cabines de bronzage : étude des motivations et croyances des utilisateurs et non-utilisateurs dans la population lilloise. Annales de dermatologie Venereologie, 2014 ; 141(- N° 12S) : S360.
4. https://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:BV6EDKJNu_sJ:https://www.france.tv/france-2/noirs-en france 5. https://edition.cnn.com/2022/01/25/world/as-equals-skin-whitening-global-market-explainer-intl-cmd/index.html