Initially published on La Peaulogie
TLDR
Definition
VCD (Voluntary Cosmetic Depigmentation), can be defined as the set of procedures aiming at obtaining a lightening of the dark skin by the cosmetic use of depigmenting products (DP) by topical or injectable way. The main PDs are: dermocorticoids, hydroquinone, mercury salts and glutathione.
A UNIVERSAL PRACTICE
Il s’agit d’une pratique universelle essentiellement féminine et dont les prévalences en Afrique subsaharienne varient de 32 à 74%.
Les enjeux sanitaires de la DCV sont considérables ; en effet plus de la moitié des femmes qui consultent en dermatologie en zone tropicale présentent au moins une complication dermatologique.
A PUBLIC HEALTH PRIORITY
Toutes ces considérations en font une priorité de santé publique d’où la nécessité d’une prévention qui passe par le recueil des motivations auprès des pratiquantes.
Il ressort des principales études socio-anthropologiques quantitatives menées en milieu hospitalier et qualitatives en population générale que la plupart des femmes qui s’adonnent à la pratique le font essentiellement pour des raisons esthétiques.
A certain mimicry is also found among women and fair skin is considered an object of seduction.
PROPOSED SOLUTIONS
Based on these motivations, some solutions are envisaged which favour a multidisciplinary approach, not only medical but also socio-anthropological.
Introduction
VCD, also known as artificial depigmentation, can be defined as the set of procedures aimed at obtaining a lightening of the so-called "black" skin by the cosmetic use of products whose depigmenting properties are clearly established. These products are used topically or by general route (usually injectable).
This practice of VCD is found practically on all continents with variable frequencies. The highest prevalence is observed in sub-Saharan Africa and Asia.
Dans une étude menée par Peltzer K. et al (2017), la prévalence globale de la DCV dans plus d’une trentaine de pays était de 24,5%. Elle variait selon les pays, allant de 0% en Turquie à 83,8% en Thaïlande.
La prévalence était plus élevée chez les femmes que chez les hommes, avec des fréquences respectives de 30% et 16,7%.
En Afrique subsaharienne, les prévalences varient de 32 à 74%, en fonction du pays et de la méthodologie utilisée (Ly, 2006). Plusieurs termes locaux désignent la DCV : Akonti au Togo, Dorot au Niger et au Burkina Faso, Bojou au Bénin, Kobwakana ou Kopakola au Congo.
Au Mali, la DCV est connue sous le nom de tcha-tcho, et au Sénégal, sous celui de « xeesal », qui dériverait du mot arabe signifiant décapage.
Initially considered a fashion phenomenon in the early 1970s, this practice has become over time a true aesthetic model for many Africans, whosesocio-economic and health impact is considerable.
En Afrique sub-saharienne, la DCV a longtemps fait l’objet de stigmatisation, en particulier par les mouvements intellectuels qui voyaient dans cette pratique un complexe d’infériorité vis-à-vis de la peau dite « blanche » du colonisateur.
Pourtant, certaines études montrent que la principale motivation des acteurs était d’ordre esthétique (Mahé et al., 2004 ; Ly et al., 2007).
Indeed, the clarity of the skin and the curves of the body are part of the beauty canons of the Black African woman.
To date, no awareness campaign has resulted in a decrease in the frequency of this practice. In fact, in Dakar, the hospital incidence of dermatological complications of VCD increased between 2003 and 2017 (Hanen M'rabet, 2017).
Ces campagnes de sensibilisation restent principalement axées sur l’information, l’éducation et la communication. Elles mettent l’accent sur la connaissance des complications médicales liées à la DCV.
Ces dernières, de par leur fréquence, leur morbidité, la mortalité qu’elles engendrent et leur impact économique constituent un enjeu de santé publique.
Dans cet article, après un bref rappel des enjeux sanitaires, nous ferons une description des procédés et produits utilisés par les adeptes de la DCV.
Ensuite, nous nous intéresserons aux aspects épidémiologiques de ce phénomène, et enfin, nous procéderons à une analyse des motivations des sujets avant de proposer des pistes de solutions.
HEALTH ISSUES
VCD has a considerable negative impact on health. Practically all medical and surgical specialties are concerned by the complications of this practice.
Les retentissements s’observent aussi bien sur la santé physique que sur la santé mentale, et affectent l’intégrité du schéma corporel (Ly et al., 2006).
Cette pratique est à l’origine d’une véritable pathologie qui s’intègre dans ce qu’il est convenu d’appeler une pathologie liée aux comportements.
Les complications les plus visibles sont bien évidemment dermatologiques et varient en fonction du climat ; en zone tropicale, ce sont les dermatoses infectieuses qui prédominent.
Ces dernières sont variables : mycoses superficielles, gale, érysipèle et dermohypodermites bactériennes.
Non-infectious dermatoses are dominated by acne and pigmentary disorders. These, when they are located on the face, have a significant impact on the aesthetic aspect and are responsible for social avoidance behaviors.
As for skin cancers, they have often been mentioned as a deterrent to voluntary cosmetic depigmentation, but it was not until 2000 that the first case was reported by ADDO in Ghana, followed by other cases reported by Senegalese and Malian authors.
Currently, more than a dozen cases are reported in the medical literature (Ly et al., 2018). Other general complications include: HTA, diabetes, endocrinopathies; adverse health and reproductive complications are also reported (Mahé et al., 2005).
PROCESSES
En réalité, la plupart des produits dépigmentants sont des médicaments détournés de leur usage. Les principales substances utilisées sont les suivantes : hydroquinone, mercure, propionate de clobétasol et bétamethasone.
Ces deux dernières sont des médicaments de la classe des dermocorticoïdes. Récemment, le glutathion est venu enrichir l’arsenal des produits dépigmentants.
Ceux-ci sont commercialisés sous des appellations très suggestives : ainsi les qualificatifs tels que « Light » (clair), « White » (blanc) sont très souvent utilisés pour les nommer.
Ces termes renvoient à un rêve de clarté, d’éclat, de luminosité et de radiance de la peau ; autant de qualités recherchées par les adeptes de la pratique (Mahé et al., 2003).
The products that provide these benefits are easily found on the cosmetics market in West Africa, but also in Europe and the USA, in "ethnic shops", under the names Skin light®, White express®, Caro white®, Fair white®. Sometimes, superlatives such as "express" and "extreme" are used to name lightening product ranges.
In addition to the above-mentioned characteristics, the promoters of these products target the speed of action and the visibility of the result, in accordance with the expectations of consumers, who prefer "Extreme white®", "So white®", "White express®".
Les noms commerciaux des produits dépigmentants sont parfois adaptés de la langue régionale et renvoient alors à une symbolique ancrée dans l’inconscient collectif.
Ainsi, il y a quelques années, une publicité a suscité un tollé au Sénégal en vantant les mérites d’une crème dénommée « Khess Petch » qui promettait aux utilisatrices l’éclaircissement de leur peau en 15 jours ! (Ly, 2007).
Il arrive aussi que le nom commercial soit choisi en raison de la symbolique à laquelle il renvoie, par exemple la crème Sira qui évoque la peau claire de la femme peuhle.
La mode, le titre d’une chanson en vogue ou le nom d’un artiste célèbre peuvent également inspirer les fabricants de produits dépigmentants quant au choix du nom commercial.
The urban character of the clientele, as well as the freedom of choice of the woman who practices cosmetic depigmentation, are emphasized in the name of certain products, as is the case for "L'abidjanaise®" or "Femme libre®"...
Quant au glutathion, il est commercialisé sous forme de comprimés, de crèmes ou d’ampoules injectables utilisés par voie intramusculaire, mais surtout intraveineuse. Les noms tels que « Glutawhite® » et « Active white® » sont alors utilisés.
It should be noted that in addition to industrial products, there are home-made products concocted by the women themselves, who jealously guard their manufacturing secrets.
Generally, these recipes are based on salicylated petroleum jelly in concentrations of up to 50%, used for areas that are reputed to be difficult to depigment, such as joints, the backs of the feet, elbows and knees.
These home-made depigmenting products can be called variously "Nguenteli", in reference to the preparation of the rite of appearance during the baptism ceremony.
Depigmentation techniques also vary according to the desired effect - from light depigmentation, compared to a superficial peel, called "leeral" in Wolof, to "Gnaral" (excessive depigmentation), including "xeesal" and "Rothi" (removal of the skin).
These different forms of depigmentation correspond to a gradation of skin tones obtained through depigmentation and lead to the ultimate, most radical stage of the practice called "Gnaral" in Wolof, which is accompanied by burns.
Au cours de cette phase intensive de la DCV, les usagères peuvent rester des jours sans prendre de douche et procéder à une occlusion de la peau au moyen de sachets en plastique ou de vêtements en nylon.
Cette technique permet d’accélérer le processus de dépigmentation. Habituellement, les femmes ont recours à ce procédé en vue de la préparation d’un évènement festif (baptême, mariage, fête religieuse, fête de fin d’année…).
Certains mélanges réputés blanchir la peau de manière intense dans un délai très court sont dénommés « 24H » ou « 72H », en raison de leur rapidité d’action.
Les adeptes de la pratique radicale débordent d’imagination et sont prêtes à tous les sacrifices, y compris à supporter le supplice de douleurs corporelles, de brûlures cutanées et d’un inconfort majeur.
DETERMINING FACTORS
VCD is not limited to women with a dark complexion; whatever the initial complexion (light, dark, intermediate), the use of depigmenting products is reported.
Concernant la distribution de la pratique, il est admis une fréquence plus élevée en zone urbaine qu’en zone rurale.
Ainsi, généralement, la migration des zones rurales vers les zones urbaines marque le début du recours à la DCV, et l’un des premiers changements noté concerne un éclaircissement de la couleur de la peau des « migrants ».
Indeed, VCD was initially seen as an essentially urban practice, as suggested by a study in Dakar (Mahé et al., 2004), which showed that while more than half of the women were natives of Dakar, a significant proportion of them (39.5%) were from the interior of the country.
C’est comme si la mode s’impulsait de la capitale vers les autres régions (Boussana, Didillon, 1986). Dans cette même étude dakaroise, les auteurs ont dégagé le « profil-type » suivant de la femme adepte de la DCV : âgée de 20 à 40 ans, mariée ou faisant état de fréquentation masculine, ayant été scolarisée, disposant d’un certain niveau de vie, disposant volontiers d’une activité professionnelle.
Ce profil-type recouvrait environ la moitié des utilisatrices de l’échantillon.
Toutefois, il faut signaler que ce phénomène est également observé chez le genre masculin, que ce soit à Dakar, au Congo ou au Nigeria (Ajose, 2005).
Signalons qu’au Sénégal, l’usage de produits dépigmentants chez les hommes est marginal, relevé essentiellement dans le milieu des homosexuels ou chez les artistes, tandis qu’au Nigeria ou au Congo, la pratique est plus fréquente chez les hommes, et le terme utilisé est celui de maquillage, grâce auquel est atténuée toute la connotation négative associée à la DCV.
Concernant les autres déterminants, toutes les couches sociales semblent concernées et ceci, indépendamment du niveau d’instruction des sujets.
Les femmes d’un niveau d’instruction supérieur constituaient plus du 1/3 de l’échantillon de ٣٠٢ patientes venues consulter pour une dermatose faciale (M’rabet, 2017).
Malgré un niveau d’instruction élevé, la pratique est toujours prégnante, confirmant que la connaissance des risques sanitaires encourus par l’utilisation des produits dépigmentants ne constitue pas un frein à ce phénomène.
Il en est de même du niveau socio-économique élevé et de la possession de bien de consommation tels que le téléviseur, le téléphone et la voiture.
Le niveau socio-économique est un discriminant dans le type de produit utilisé : les plus aisées portent le choix sur des produits chers censés être de meilleure qualité, tandis que les plus modestes se rabattent sur les produits bon marché.
Dans tous les cas, les femmes allouent un budget substantiel à l’achat des produits dépigmentants.
For example, a 2013 study in a dermatology department in Dakar revealed that approximately ١٩٪ of household income was spent on the purchase of these products and the management of dermatological complications related to this practice (Diongue, 2013).
Cette estimation n’avait pas pris en compte les nouveaux produits tel le glutathion, beaucoup plus onéreux, puisque la somme totale dépensée pour obtenir l’éclaircissement souhaité varie de 250 mille à 450 mille F CFA (533 à 686 euros).
La pratique d’une activité salariée ou des contacts avec une clientèle, dans le cadre d’activités commerciales, étaient relevées chez plus de la moitié des femmes qui utilisaient des produits dépigmentants.
These professional activities could be considered as factors favoring the use of depigmenting agents (Boussana, Didillon, 1986).
D’autres déterminants tels que la lecture de magazines féminins comme Amina étaient identifiés (Mahé et al., 2004).
Ce magazine fait en effet la promotion à outrance de nombreuses marques de produits éclaircissant. D’une manière plus générale, la publicité des produits dépigmentants a fini par envahir l’espace public.
En effet, dans de nombreuses capitales africaines et leurs banlieues, le regard est constamment attiré par de larges panneaux publicitaires qui vantent les mérites des produits dépigmentants, au mépris des règles élémentaires de la déontologie qui régit la publicité.
L’agression publicitaire ne se limite pas aux magazines, mais pénètrent au sein même des foyers aux heures de grande écoute, participant au brouillage des normes esthétiques traditionnelles des adultes comme des enfants.
Tout se passe comme si, « les puissants prédateurs de l’économie néolibérale exploitaient la vulnérabilité psychologique, les incertitudes, les frustrations et les angoisses des populations pour s’enrichir » (Bonniol, 1995).
En effet, les retombées financières de l’industrie des cosmétiques dépigmentant constituent une véritable manne : les produits blanchissants représentaient 10% du marché cosmétique, soit 2 milliards euros en 2007 (Le Monde du 30 Août 2008).
Abusing the label "black and mixed skin", cosmetic product specialists put depigmenting products on the market, most often containing the same active ingredients as those found in drugs.
Motivations
Les motivations de la DCV ne sauraient être univoques. Ainsi, plusieurs théories sont développées pour tenter d’expliquer le phénomène de la dépigmentation de la peau noire.
D’une part les tenants de la théorie raciale qui stipulent que cette pratique relève d’un complexe d’infériorité des adeptes, et d’autre part, ceux qui voient dans cette pratique un phénomène de mode, qui s’inscrit dans une logique esthétique.
To understand the real motivations of this phenomenon, a little historical reminder is necessary.
HISTORICAL REMINDER, AESTHETICS AND SKIN COLOR
Sur le plan historique, il est intéressant de signaler que la dépigmentation de la peau est une pratique très ancienne qui remonte à l’antiquité.
Durant cette période, des femmes originaires d’une partie de l’Europe, de la Méditerranée et de l’Asie utilisaient des produits éclaircissants (Ly t al., 2012).
Paradoxalement, à cette époque en Egypte, la peau noire symbolisait la beauté et la représentation du Noir ne se faisait pas par les présumés attributs que seraient le ridicule ou la laideur (Diop,1987).
Cette tendance s’est inversée lors des contacts entre l’Europe et l’Afrique. Ainsi, Pol Gossiaux en reprenant Sméralda (2002) considère qu’il a existé une hiérarchie des « races » et des cultures dans laquelle figurait, au bas de l’échelle, l’homme noir.
De son côté, la civilisation musulmane a également été marquée par la connotation dépréciative de la peau noire, comme l’ont mis en exergue des poètes noirs des VIIe et VIIIe siècles.
Toutefois, le premier muezzin de l’histoire de l’Islam fut un Noir, et cet argument est souvent avancé pour démontrer l’égalité entre les différentes races et il est utilisé tant par les femmes qui utilisent les produits dépigmentants, que par celles qui refusent la DCV (Ly et al., 2006, 2008).
Actuellement, avec les avancées de la biologie en général et de la génétique moléculaire en particulier, la notion de race est reléguée aux oubliettes, aussi bien par les biologistes que par les anthropologues.
En effet, le déchiffrement du génome humain établit l’unité de l’homme (with a similarity of genetic heritage of all humansavec une similitude du patrimoine génétique de tous les humains équivalent à ٩٩,٩٪).
Cette similitude génétique de tous les hommes peut mener à une remise en cause des idées tenaces sur la différence raciale.
Sur le plan esthétique, depuis les Lumières, le Blanc semble avoir été associé au beau, contrairement à ce qu’il en a été du Noir, qui s’est vu affublé de tous les termes péjoratifs imaginables.
Cette stigmatisation systématique et unilatérale a eu un impact négatif sur l’inconscient de nombre de Noirs, qui ont intériorisé le préjugé racial, et ce que Bonniol a appelé la « cascade du mépris » (Bonniol, 1995).
Pourtant, des auteurs tels que Diop et Snowden (1987) ont montré que les représentations positives associées au Noir ont prévalu en Afrique précoloniale.
En effet, rappelons que dans l’Afrique précoloniale, la peau noire et lustrée était signe et symbole de beauté, le teint sombre ou lustré était considéré comme un signe de beauté en Afrique.
Le renversement de valeurs opéré dans les canons esthétiques serait lié au processus colonial, avec notamment l’érection de nouvelles classes sociales, le métissage et la hiérarchisation des couleurs de la peau qui s’en est suivi.
Il est intéressant de citer en exemple les « signares » de St Louis et de Gorée au Sénégal qui symbolisait la beauté en partie pour la clarté de la peau pour les métisses.
Let the prejudice on the dark color of the skin would have been reinforced by the Blacks themselves, with as a major consequence the devaluation of their own image.
From there, Frantz Fanon evokes the thesis of "body curse" and predicts the development of a serum of denigration: "For several years, laboratories have planned to discover a serum of denigration; laboratories, the most seriously in the world, have rinsed their test tubes, adjusted their scales and started research that will allow the unfortunate negroes to whiten themselves and thus no longer bear the weight of this body curse.
Ce texte de Fanon est paru en 1952, mais c’est en 2016 que la presse en ligne relayait une information, peu crédible du reste, qui rapportait la découverte par un laboratoire russe d’une technique qui permettait aux Noirs de se défaire de la couche noire de leur peau.
Cette information, fondée ou non, témoigne du malaise provoqué par le phénomène de la DCV et relance le vieux débat concernant ce que Fanon stigmatisait en termes de « honte de la peau noire » (Ondongo, 1989).
Partant de ce postulat, la plupart des mouvements intellectuels « noirs » ont stigmatisé la pratique de la dépigmentation cosmétique assimilée à une pratique qui trahit un complexe d’infériorité vis à vis de la peau blanche de l’ancien colonisateur.
Des mouvements comme celui de la Négritude, mais aussi plusieurs auteurs africains, ont repris à leur compte la thèse du complexe d’infériorité.
For Memmi (1957), "the first attempt of the colonized is to change his condition by changing his skin. He sees in the practice of depigmentation "the inferiority complex of the colonized, whose feelings range from shame to self-hatred" as he describes it in his Portrait du Colonisé.
Selon lui, la négrophobie du Nègre s’observerait dans la propension qu’ont les négresses à se défriser les cheveux et à s’éclaircir la peau pour « blanchir un peu » (Dlova et al., 2015).
Quant à Ndri Kouassi (2016), il considère que cette pratique s’apparente à une négation de soi et au renoncement de ses caractéristiques morphologiques.
BEGINNING OF DCV
Très peu de données sont disponibles sur l’historique de la DCV, les débuts de ce phénomène, tel qu’il est connu actuellement se situerait en 1951, en Afrique du Sud (Dlova, 2015).
Dans ce pays en proie à l’apartheid, le commerce des produits dépigmentants qui s’est développé concomitamment, s’est révélé très lucratif.
À partir du milieu des années 1970, le gouvernement commença à règlementer les ingrédients actifs contenus dans la fabrication des produits qui servaient à cet usage, interdisant d’abord le mercure ammoniacal et, plus tard, limitant le taux d’hydroquinone autorisé à 2%.
Au cours des années 1980, l’opposition aux agents servant au blanchiment de la peau devint un corollaire du mouvement antiapartheid ; les professionnels de la santé et les activistes de la Conscience noire réclamant leur interdiction complète, pour des raisons à la fois sanitaires et politiques.
In 1990, South African regulations banned the use of hydroquinone in cosmetics.
D’ailleurs, l’Afrique du Sud est devenu le premier – et est toujours le seul – pays au monde à interdire la publicité des éclaircissants et des messages contenant des mots tels que blanchir ou éclaircir (Westerhof, 1997).
C’est sans doute dans ce contexte que la DCV a été interprétée comme un complexe d’infériorité vis à vis de la peau blanche et une tentative d’uniformisation des « races » (Ondongo, 1989).
Dans d’autres pays francophones comme anglophones d’Afrique subsaharienne, l’usage de produits dépigmentant remonterait aux années 1970.
A titre indicatif, il est rapporté au Sénégal une mesure gouvernementale qui encourageait la répression et la stigmatisation des femmes dépigmentées.
Motivations
Les motivations recueillies auprès de la majorité des adeptes de la dépigmentation sont d’ordre esthétique, un mimétisme est également retrouvé pour obéir aux normes esthétiques véhiculées par la société.
Ainsi, la clarté de la peau est très appréciée contrairement à la blancheur de la peau qui n’attire que très peu d’adeptes de la DCV.
A notre connaissance, il n’a été rapporté que de manière exceptionnelle un attrait pour la peau blanche pour justifier cette pratique.
D’ailleurs le terme utilisé par la plupart des femmes qui se dépigmentent est le teint plutôt que la couleur de la peau (Ly et al., 2006).
AESTHETIC LOGIC
Les principales motivations déclarées par les femmes adeptes de la dépigmentation montrent qu’elles se situent dans une logique esthétique.
En effet, au cours d’une enquête qualitative menée à Dakar en 2006, l’analyse du corpus révélait que la femme sénégalaise construit son identité féminine sur la beauté et les rites du paraître.
Pour illustrer les résultats de cette étude (Ly et al., 2006), voici certains propos recueillis auprès des femmes interrogées: celles-ci déclaraient de manière unanime que la femme est associée à la beauté, et affirmaient également que si les femmes se dépigmentent c’est pour « se rendre belles ».
Ici, la peau comme enveloppe corporelle naturelle semble occuper une place de choix.
Le fait de s’enduire le corps d’un produit (crème, onguent), qu’il contienne ou pas des composés éclaircissants, suppose que la femme consacre du temps à sa personne au moins une fois par jour ; qu’elle dispose du temps pour le faire ; qu’elle prenne le temps de se masser ; d’avoir ce geste récursif par lequel elle connaît ses formes, sa silhouette, sa peau, et peut ainsi contrôler sa beauté.
Il est intéressant de resituer l’objet « peau » dans cette logique d’esthétique.
Les femmes s’intéressent à leur peau au même titre qu’elles se coiffent, se maquillent, se parfument et s’habillent.
C’est dans cette dynamique qu’un grand nombre d’entre elles entreprennent un travail sur leur peau et en arrivent à la dépigmentation cosmétique volontaire.
Elles rationalisent leur pratique, à l’instar de cette participante au focus group : « …tout ce qu’une femme peut faire pour être belle, n’est pas illicite.
C’est pourquoi les femmes utilisent des mèches [pour allonger les cheveux] et font du Xeesal ».
Let us note here the numerous social upheavals that have taken place to establish fair skin as an aesthetic standard
La qualité de la peau répond à un certain nombre de caractéristiques qui positionnent la femme selon une norme de beauté : clarté de la peau, embonpoint.
Les femmes interviewées définissent la peau par son teint, terme qui vaut aussi pour sa « couleur » (claire), son aspect et sa luminosité.
L’homogénéité du teint, son élasticité et sa consistance sont autant de caractéristiques que la femme prend en compte dans les critères de beauté de la peau.
Dans cette logique, la dépigmentation artificielle devient un outil d’apparat dans une société où se développe de plus en plus le culte de l’apparence (Amadieu).
Il apparaît ici une certaine « liberté de choix» des femmes qui s’adonnent à la dépigmentation cosmétique. Juliette Sméralda voit dans cette liberté de choix le « prolongement d’un système de domination occidentale relayée par une esthétique exogène inspirée des canons occidentaux ».
What seems paradoxical is that most of these women, especially those from the suburbs, seek a curvaceous silhouette (Verstraeten et al., 2014), contrary to Western canons, dress almost exclusively in traditional dress (Ly et al., 2007).
Notons que la teinte initiale de la peau ne conditionne pas nécessairement le passage à la dépigmentation.
Ainsi, dans une étude quantitative menée en 2006 dans un service de dermatologie, les auteurs avaient trouvé que parmi les femmes qui utilisaient des produits dépigmentant, le teint initial était variable : noir dans 41.5% des cas, clair dans 32.9%, et intermédiaire dans 25.6% (Ly et al., 2008).
The desire to change the initial complexion is often a reason for initiating the practice: "I was too black, so to make myself beautiful and have a light complexion, I coated my body and it started to lighten. Then people said to me: "You have become very beautiful". My intention was to lighten up a bit. Despite the natural clarity of the skin, some women do not hesitate to resort to the use of depigmenting products.
« La femme de mon frère est (Portugaise), pourtant elle est déjà claire et elle fait le xeesal », « Une copine métissée (Portugaise – Bambara), qui a un joli teint clair … fait le « xeesal ».
Ce phénomène laisse penser qu’influer sur la teinte de la carnation n’est pas l’unique caractéristique sur laquelle les utilisatrices souhaitent agir. Elles accordent également de l’importance à l’aspect de la peau et l’objectif recherché est malheureusement très différent du résultat obtenu.
Ainsi, s’installe un cercle vicieux entre la quête d’une peau parfaite, claire, et l’apparition des complications dermatologiques qui rendent la peau dépigmentée aux antipodes des caractéristiques suscitées.
Cette dimension esthétique de l’éclaircissement de la peau a été également mise au jour par les auteurs congolais Didillon et Bounsana, sur un échantillon de 420 individus (Didillon et Bounsana, 1984).
Quel que soit le pays considéré, les mêmes motivations sont avancées, rendant compte de la comparabilité des motivations au sein de la population des dépigmentées, et cela, au-delà des frontières géographiques.
Notons que les fonctions réparatrices et thérapeutiques des produits dépigmentants sont également recherchées par de nombreuses femmes.
Il faut rappeler que la peau noire de par sa richesse en mélanine est particulièrement sujette à l’hyperpigmentation post inflammatoire qui se manifeste par une augmentation de la pigmentation qui est localisée au site de l’inflammation quel qu’en soit la cause.
La correction de cet aspect bigarré au niveau de la peau est également une des motivations avancées par les femmes qui s’adonnent à la pratique.
Dans une étude quantitative menée à Dakar, 11% des femmes déclaraient que l’initiation de la pratique était motivée par la volonté de corriger les troubles pigmentaires (taches) faisant suite à certaines affections dermatologiques (M’Rabet, 2016).
Tout se passe comme si la gent féminine cherchait la peau idéale : claire, homogène, lumineuse et sans tache.
La peau est ainsi choyée considérée comme un alter ego qu’on cajole pour reprendre les termes David Le Breton (2008) même si ce dernier ne faisait pas allusion à la peau dépigmentée. Malheureusement cette quête de peau idéale se solde le plus souvent par un échec.
En effet, l’application répétée de produits dépigmentants s’accompagne constamment de complications dermatologiques que les adeptes de la pratique tentent de camoufler par moult astuces qui s’avèrent inefficaces.
Il s’installe un cercle vicieux car plus les femmes appliquent les produits dépigmentants, plus apparents sont les méfaits sur la santé avec un résultat désastreux sur le plan esthétique et retentissement psychologique très important et l’installation à la longue d’un mal-être.
A PRINCIPLE OF SOCIALIZATION
Ce teint clair tant recherché par tous les temps et sous tous les cieux permet de se conformer à un groupe social celui des « femmes dépigmentées ». On note une évolution dans la démarche.
Une enquête qualitative réalisée à Dakar auprès de groupe de femmes âgées entre 23 et 45 ans, nous a permis d’établir que la première utilisation de produits dépigmentants relevait le plus souvent d’un conseil esthétique et était empreinte d’une certaine naïveté (Ly et al., 2006).
The comments of focus group participants abound in this sense: "It was my older sister who used xessal. From time to time, I would steal some of her products. I used to coat my body with what I stole. "Me it was my grandmother who influenced me, because I did it very early, at the age of ١٤. Once I went to visit her and she told me that here it's Xessal that's in fashion but not the dark complexion. My first tube is she who bought it to me ".
The mimetic approach is largely preponderant, and this mimicry is favored by media coverage. Almost all authors agree on this conclusion (Mahé et al., 2004). "When they see the beauty of Moorish or light-skinned women on TV, they want to become like them.
The purpose of the users, as we have seen previously, seems to be the rite of appearance, especially during festive events (baptism, marriage, religious ceremonies). "It was when I was pregnant that I started doing the Xessal because my girlfriends told me to lighten my skin so that on the day of the baptism I would be noticed" or "Baptisms, weddings, gamous (religious festivals), magal (religious commemoration) and other ceremonies are prepared for two months, and for this reason, during these ceremonies, we have to prepare ourselves to look beautiful by being as light as possible."
Ces propos rappellent la thèse de Jean François Amadieu sur le poids des apparences (2012). La pratique participe également de la valorisation statutaire et s’inscrit dans une logique corporatiste.
C’est ainsi que de façon unanime, selon les personnes interviewées, « être claire » signifie avoir une position sociale respectable et être encline à affecter une certaine condescendance envers la catégorie des femmes non dépigmentées. « Le Xeesal te donne une certaine classe parmi tes amies. Tu te crois plus belle que toutes » ou encore « Dans les cérémonies on sert les femmes sombres en dernier tandis que les teints clairs sont considérés comme les VIP ».
Cette valorisation statutaire comporte des revers, puisqu’elle enferme la femme dépigmentée dans une prison la condamnant à continuer inlassablement les applications de produits dépigmentants, au risque de perdre l’éclat et la clarté de sa peau obtenue au bout de rudes et épiques combats.
En effet toute variation du gradient de pigmentation dans le sens d’un assombrissement du teint sera interprétée par l’entourage en termes de perte, perte de revenus, baisse du niveau socio-économique, perte de l’harmonie au sein de son ménage : « …si tu abandonnes et que ton visage s’assombrit, on dit que tu as des difficultés, des problèmes au niveau du foyer. Et on dit aussi que tu n’as plus d’argent… ».
Il est intéressant de remarquer une certaine évolution dans l’attitude des usagères au fil des années : d’un sentiment de honte et de culpabilité, qui se manifestait par un déni formel, on assiste actuellement à l’adoption d’une posture plus décomplexée qui revendique la pratique et l’assume.
Elles ont dépassé leur gêne à nommer la pratique qui les poussait à user des expressions telles que « mettre des produits », « enlever des taches », « soigner des boutons ».
Actuellement, elles assument franchement leurs choix. Tout se passe comme si le corps devenait un moyen d’afficher son bonheur (Ly, 2006), d’être libre de ses choix esthétiques, de son habillement, de sa coiffure, sans que personne n’y trouve quelque chose à redire.
Ce choix clairement assumé laisse transparaitre une forte personnalité. C’est ce qui semble ressortir d’une étude qualitative comparant le degré d’affirmation de soi par l’échelle de Rathus entre deux groupes de femmes dont l’un pratiquait la DCV. Les femmes qui pratiquaient la DCV avaient un degré d’affirmation de soi plus élevé (Ba, 2011).
A WEAPON OF SEDUCTION
La Dépigmentation cosmétique rentre dans le cadre d’une stratégie de séduction d’abord à l’égard des femmes et ensuite à l’égard des hommes.
Ces résultats sont récurrents dans toutes les études qui s’intéressent à la pratique. « Les hommes n’aiment que les belles femmes.
Donc pour les attirer, nous nous éclaircissons le corps pour nous rendre belles » ou encore « Pour être belle et que les hommes soient toujours contents quand ils nous regardent ».
Cette stratégie dévoile la complexité des rapports sociaux de sexe qui régissent les relations entre hommes et femmes. Il ne semble pas faire de doute que l’homme joue un rôle important dans le phénomène.
En tant que mari ou partenaire, il peut apprécier et cautionner la pratique en achetant les produits ou bien en fournissant le budget mensuel nécessaire à leur achat.
La polygamie alimente cette rivalité sororale : « Oui bien sûr pour ne pas être prise de court, on est obligé de faire du Xessal, car c’est un déshonneur pour la femme s’il arrivait que sa coépouse rejoigne le domicile conjugal, la trouvant toute noire ».
De nombreuses femmes noires initient ou radicalisent la pratique lorsque leur mari épouse une seconde voire une troisième épouse.
Dans une étude réalisée à Dakar, 7% des utilisatrices de produits dépigmentants déclaraient que leur pratique était encouragée par leur mari ou motivée par la préparation du mariage (Hanen M’rabet, 2016).
Ainsi, les fabricants de produits cosmétiques ont mis sur le marché un produits dépigmentants appelé « 7 jours avant le mariage». Pour les jeunes filles, la dépigmentation s’inscrit dans la logique de la quête d’un mari qui selon elles n’ont de yeux que pour les femmes claires : « Les hommes n’aiment que les belles femmes.
Donc pour les attirer, nous nous éclaircissons le corps pour nous rendre belles ».
Toutefois, certaines femmes, malgré une opposition franche de leur conjoint, continuent les applications des produits dépigmentants. Ces femmes afficheraient de la sorte leur liberté de choix, censée être indépendante de toute influence masculine.
AMBIVALENCE IN THE MEN'S DISCOURSE
However, men's discourse is ambivalent. While 49% of men expressed negative opinions on the practice (Boussana, Didillon, 1986), many women stated that their husbands financed the purchase of depigmenting products and encouraged the practice, partly as part of the eroticization of the woman's body. "If she refuses to continue her "xeesal", he is ready to take another light-skinned wife because he cannot live with a dark-skinned woman ...".
En outre, du côté des guides religieux, essentiellement des hommes, on n’entend guère un discours condamnant avec fermeté la pratique.
Il est pourtant admis que le changement de pigmentation ou de tout autre attribut corporel n’est toléré par aucune des religions révélées.
AMBIVALENCE WITHOUT THE WOMEN'S DISCOURSE
We were also able to observe, thanks to another qualitative survey conducted in Dakar, that some women who refused voluntary cosmetic depigmentation and considered black skin as an identity marker sometimes appreciated a successful VCD (Ly et al., 2008).
THE NARCISSISTIC AND ADDICTIVE DIMENSION OF THE PRACTICE: THE QUEST FOR AN IDEAL
La dimension narcissique est largement observée dans le groupe des dépigmentées. Le changement de teint leur confère un regain de confiance en elles-mêmes et une augmentation de l’estime de soi.
La plupart des femmes reconnaissent le caractère avantageux d’une peau claire : « Si tu te mets devant le miroir ou bien si tu es bien vue dans le quartier… Vous savez, nous les femmes nous aimons être belles. Si on est dans un tel état, nous nous sentons très fortes croyant qu’on peut supporter le ciel sur nos deux mains. Le Xeesal nous flatte ».
The testimonies of depigmented women highlight their constant desire to go further and further in the process of lightening: "And also even being light, if you see someone with a light face, it pushes you to become even lighter to be above her. There are women who really want to be noticed.
Par la répétition de la gestuelle quotidienne qui consiste à s’enduire le corps de produits dépigmentant, la femme retrouve confiance en soi.
A la longue, s’installe une addiction rapportée par de nombreuses pratiquantes : « C’est un feeling de femme, c’est le sel dans la vie. Une femme, il faut qu’elle fasse quelque chose pour charmer son homme. Moi si j’arrête, j’ai peur de fréquenter les gens…C’est comme s’il me manquait quelque chose, comme si tu avais porté des habits sales ou déchirés, tu le sens, tu deviens faible. Maintenant si tu es bien habillée, bien présentable, tu deviens courageuse, tu peux affronter n’importe qui ».
Addiction to VCD has already been reported by Antoine Petit (2007) who sees in depigmentation some of the attributes of addiction as a psycho-affective dependency phenomenon: the impossibility of stopping, the illegal nature, the extreme practices, and the concealment.
The testimony of a female VCD addict collected during a qualitative survey conducted in Dakar (Ly et al., 2006) supports her analysis: "If you are used to doing 'Xeesal', you become a slave, if you stay two days without coating, you are in withdrawal, and also if you have a little money, instead of going to get something to eat, you go to the market to buy products. It's like a smoker who wants to but doesn't have any cigarettes" (excerpts from an individual interview).
Ces différentes caractéristiques sont également retrouvées chez les adeptes du bronzage, ce qui laisse présumer que cette pratique du brunissement de la peau blanche serait le pendant de la DCV.
La finalité du bronzage est en effet la quête d’une peau brune (Scalbert et al., 2015), très proche du teint idéal -, teint marron -, recherchée par la plupart des femmes interviewées à Dakar (Ly et al., 2006). Serions-nous à l’ère du métissage universel dans le sillage de la mondialisation ?
AT THE END, AFTER MUCH SUFFERING, A TRANSFORMED BODY
Comme nous l’avons vu plus haut, dans la description des différents processus, le corps de la femme passe par de nombreuses étapes avant d’aboutir au résultat esthétique escompté.
Dans le cas de la DVC, ces différentes étapes sont marquées par des souffrances corporelles résultant de la toxicité des mélanges appliqués directement sur la peau. Rien ne semble arrêter ces adeptes de la peau claire : ni la douleur cutanée ni les brûlures, encore moins les complications médicales.
Thus, Juliette Sméralda (2004), in her book Peau noire cheveu crépu. L'histoire d'une aliénation (Sméralda, 2004) postulates that in order to fit in with the prevailing ideal, no sacrifice is too great, no pain unbearable, the skin is subjected to forms of characterized aggression.
In the end, the body undergoes numerous transformations concerning not only color but also appearance, with the occurrence of complications and inevitable sequels.
La conversion chromatique et la métamorphose physique s’accompagnent parfois d’un changement de personnalité.
Il est connu que les produits à base de corticoïdes peuvent induire une accoutumance et entretenir une excitation psychomotrice responsable d’une certaine désinhibition des femmes qui s’adonnent à la DCV.
Certaines femmes affirment éprouver un certain malaise en observant l’image que leur renvoie leur miroir. Ne sont-ce pas là les prémisses de troubles de la personnalité ?
These cases are similar to those of women who have experienced personality disorders, such as depression, after undergoing cosmetic surgery (Le Gouès, 2004).
The study of the deep motivations for VCD revealed by consumers of depigmenting products allows us to put in place strategies to prevent this practice, which is a public health priority.
DRAFT SOLUTIONS
La prévention de la DCV s’articule autour de trois axes : la prévention primaire, la prévention secondaire et la prévention tertiaire.
Concernant la prévention primaire, il s’agira de dissuader l’initiation de la pratique chez les jeunes filles et les jeunes femmes grâce à une sensibilisation.
The arguments are based on the motivations collected from the women who practice. The methods used vary IEC (Information Education Communication), BCC (Behavior Change Communication), and BCC (Behavior Change Information) sessions.
Cette sensibilisation aurait un impact majeur si elle passait par des actions populaires assorties de campagnes d’information ; l’organisation de débats ; la sensibilisation des leaders d’opinion, etc.
L’utilisation de supports tels que les magazines de beauté, les panneaux publicitaires, les publireportages radiotélévisés aux heures de grande écoute pourrait être d’un apport certain.
Beyond these classic medical prevention activities, a transdisciplinary, socio-anthropological approach is essential.
Indeed, the sublimation of black skin requires the reconciliation of women with their black skin, in particular, using the following arguments put forward by women who refuse VCD: black skin as an identity marker, protective functions of black skin, greater resistance to intrinsic aging... (Fanon, 1971).
It would be interesting to re-initiate the dialogue by drawing resources from historical and intellectual references and by avoiding the stigmatization of women with behavioral pathologies (VCD and anorexia). For these strategies to be most effective, they should be implemented at an early age.
Indeed, this type of strategy has shown convincing results in the context of sun exposure for the prevention of skin cancers in subjects of light phototypes (Stoebner-Delbarre et al., 2005).
Le combat pour le respect de l’intégrité de la peau humaine quelle que soit sa couleur est un combat qui mérite d’être gagné.
Ce combat est à mener non seulement contre les prédateurs de l’économie néolibérale qui inondent les marchés de produits cosmétiques bas de gamme destinées aux peaux pigmentées, mais également contre les medias qui amplifient les messages de banalisation de la DCV et enfin contre les pouvoirs publics qui cautionnent cette pratique.
In short, the aim is to develop an ethical ethno-cosmetology based on local resources, a guarantee of sustainable development.
Ceci permettra la mise sur le marché de produits cosmétiques de qualité et d’innocuité prouvée, financièrement accessibles, en mesure de répondre aux attentes des consommateurs.
Parallèlement, un système de cosméto-vigilance fiable permettrait de répertorier les effets secondaires des produits après leur mise sur le marché.
In addition, consumer protection should be ensured by the public authorities. It is not a question of banning the practice as some countries such as Gambia have done, without convincing results, but rather of applying the regulations concerning the advertising of drugs diverted from their use such as dermocorticoids and hydroquinone.
C’est dans cette optique qu’une association dénommée A.I.I.D.A (Association d’Information sur la Dépigmentation Artificielle) a été créée en Janvier 2001 à Dakar.
Les objectifs de cette association sont : la sensibilisation et l’information (sans la stigmatisation) sur les méfaits de la dépigmentation cosmétique volontaire, l’élaboration de messages pertinents en vue de faire cesser la pratique de la dépigmentation artificielle et enfin la prise en charge adaptée des complications.
Quant à la prévention secondaire, elle permettrait d’éviter la survenue des complications chez les personnes ayant recours aux produits dépigmentants à visée cosmétique.
Ceci implique une accessibilité géographique et financière aux structures sanitaires pour l’initiation d’un traitement précoce. Un accompagnement psychologique serait indispensable dans le processus de sevrage des consommatrices.
Un suivi sanitaire rapproché serait le gage d’un dépistage de certaines complications ou d’un diagnostic précoce.
De plus ce suivi médical pourrait permettre d’éviter le retentissement psychologique souvent observé en cas d’arrêt de la pratique.
Finally, tertiary prevention would consist of psychosocial support for women who have very visible after-effects (aesthetic damage) following the practice of VCD.
Conclusion
La dépigmentation cosmétique volontaire est une pratique retrouvée pratiquement sur tous les continents et intéressant presque tous les phototypes.
Il est un fait qu’elle est très répandue en Afrique subsaharienne. Les produits utilisés sont variables et le circuit de production et de vente n’est pas bien réglementé.
Its economic cost, as well as its impact on physical and mental health, constitute a definite obstacle to the objectives of sustainable development, hence the need for prevention.
This prevention will have to be articulated around different axes, based on the declared motivations, and involve the public authorities which are essential, but above all privilege a socio-anthropological transdisciplinary approach.
This comprehensive and integrated approach on a sub-regional or even global scale would guarantee the success of prevention policies.